Entretien entre William Geslot et Informations Entreprise

janvier 2025

La course à la digitalisation bouleverse les pratiques des laboratoires, où l’efficacité et la traçabilité sont devenues des priorités absolues. Pour répondre à ces enjeux, Inoky, expert en solutions modulaires depuis près de trois décennies, propose des outils adaptés à l’écosystème existant de ses clients.

 

Informations Entreprise : Comment la digitalisation peut-elle concrètement améliorer à la fois l’efficacité et la rentabilité des laboratoires ?

 

William Geslot (Directeur d’INOKY) : La digitalisation des laboratoires permet indéniablement d’améliorer la rentabilité et l’efficacité, à condition qu’elle soit bien gérée. Il est essentiel d’éviter des systèmes d’information trop complexes. L’objectif principal est de répondre plus rapidement aux exigences des auditeurs, car aujourd’hui, un délai de quelques minutes est préférable à plusieurs jours de recherche dans des documents papier.

 

Cependant, en termes de rentabilité, les systèmes informatisés actuels peuvent poser problème. Leur coût est souvent élevé et le retour sur investissement (ROI) incertain. Pour qu’un projet soit rentable, il doit être amorti en 3 à 4 ans, permettant ensuite 5 années de profitabilité.

 

I.E : Comment la digitalisation contribue-t-elle à renforcer la traçabilité et la fiabilité des données ?

 

William Geslot : Les exigences de traçabilité dans les laboratoires ont considérablement augmenté, notamment pour des raisons sanitaires et organisationnelles, mais aussi, de façon plus cynique, pour limiter l’entrée de nouveaux concurrents sur le marché.

 

Cela impose une pression supplémentaire sur la gestion des échantillons, des résultats et des investigations, notamment pour les résultats hors spécification (OOS). Les laboratoires intègrent de plus en plus des outils digitaux comme les LIMS et les CDS pour optimiser le traitement des données, notamment en chromatographie, qui représente 70 à 80 % des résultats d’analyses.

 

I.E : Quelle est la singularité de l’offre Inoky ?

 

William Geslot : Depuis notre création en 1995, l’objectif a toujours été d’accompagner les laboratoires dans la traçabilité et la maîtrise de la qualité. Cela répondait à un besoin exprimé à l’époque par le PDG de Merck, qui cherchait à fournir un système informatisé pour ses clients.

 

Bien que le terme ‘digitalisation’ n’existait pas encore, Merck avait déjà mis en avant la qualité dans ses communications depuis plus de 100 ans. Notre mission était donc de développer des logiciels permettant de maîtriser les cinq ‘M’ de la qualité : matériel, méthode, main-d’œuvre, matériaux et milieu. Si l’un de ces éléments n’est pas contrôlé, le résultat n’a pas de valeur.

 

I.E : Comment assurez-vous une intégration fluide de vos solutions logicielles dans l’écosystème déjà existant des laboratoires ?

 

William Geslot : Lorsque nous intervenons dans un laboratoire, nous nous efforçons de nous intégrer dans l’écosystème existant du client, sans imposer notre solution de manière intrusive. Contrairement à certains systèmes hégémoniques comme SAP, qui cherchent à dominer l’ensemble des processus, nous n’installons que les modules nécessaires, là où le besoin se fait sentir.

 

Nos solutions se divisent en deux grandes familles : la gestion des ressources (équipements, réactifs, méthodes, etc.) et la gestion des résultats (LIMS, études de stabilité, microbiologie). Cette approche modulaire permet aux laboratoires de compléter leurs outils sans les remplacer entièrement, en s’adaptant à leur infrastructure.

 

I.E : Quels sont vos projets ?

 

William Geslot : Nous évoluons aujourd’hui autour de deux grands axes. D’abord, sur le plan technologique, il devient impératif de passer au temps réel. Les outils désynchronisés sont désormais obsolètes, et nous travaillons sur des solutions portatives, comme des tablettes ou des terminaux individuels, pour permettre aux techniciens d’accéder aux données en temps réel, directement sur le terrain.

 

Cela nécessite un changement d’infrastructure, que nous avons déjà amorcé, tout en renforçant la sécurité des données via le respect des normes comme l’annexe 11 européenne.

Témoignage

Clean Cells est un laboratoire pharmaceutique de contrôle qualité des médicaments biologiques (vaccins, anticorps…). Nous proposons un panel de tests d’innocuité des biomédicaments tout au long de leur process de fabrication, en vérifiant leur conformité aux exigences réglementaires.

 

I.E : Dans le cadre de quel projet avez-vous été amené à solliciter l’expertise des équipes de la société INOKY ?

 

Cécile Guémas : Nous avons d’abord sollicité INOKY pour améliorer la gestion de notre parc de 2200 équipements de laboratoire. Leur logiciel a, entre autres, optimisé la gestion de l’étalonnage, de la qualification, de la maintenance et les déclarations de conformité, avec une planification précise, répondant désormais parfaitement au contrôle rigoureux des équipements et à nos besoins croissants.

 

En 2024, INOKY a installé TRACK Mobile, une interface permettant un suivi en temps réel de nos équipements. Chaque appareil est étiqueté avec un code-barres, facilitant le travail des techniciens. Cette interface assure aussi aux clients (qui nous auditent régulièrement) un contrôle qualité et une traçabilité optimale.

 

I.E : Que vous ont-elles permis de développer ?

 

Cécile Guémas : En termes de gestion et d’optimisation de notre parc d’équipements, outre un gain de temps remarquable, ces solutions nous ont permis d’instaurer une planification prévisionnelle d’une grande précision.

 

Dans le secteur pharmaceutique, elles nous ont également doté d’un logiciel répondant aux exigences des Bonnes Pratiques de Fabrication (BPF), et permettant une validation optimale.

 

« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin », Cécile GUEMAS, Directrice des Infrastructures, Clean Cells.

 

Article paru dans Informations Entreprise N°193 de Janvier, Février et Mars 2025